La Banque du Canada persiste dans sa stratégie défaillante et en rajoute

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A stressed person sitting at a laptop.
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Par Lana Payne

Tiff Macklem et la Banque du Canada ont persisté dans une stratégie défaillante et en ont rajouté, cette semaine, en relevant le taux directeur pour la septième fois cette année.

M. Macklem aurait pu choisir de faire une pause ou même de réduire de moitié l’augmentation du taux afin de montrer qu’il tient compte des avertissements de différents secteurs de l’économie selon lesquels les relèvements de taux sont trop importants et trop rapides. Au lieu de cela, il a relevé le taux directeur de 50 points de base pour l’établir à 4,25 %.

L’objectif déclaré de M. Macklem est de « rééquilibrer le marché du travail » afin de ralentir l’inflation. Traduction : trop de personnes au Canada travaillent et celles qui travaillent demandent des salaires trop élevés.

À une période où 1 famille sur 5 a du mal à mettre de la nourriture sur la table et où les entreprises cherchent désespérément à embaucher des travailleuses et travailleurs, la Banque du Canada veut que nous nous contentions de moins.

Les personnes qui nourrissent leur famille avec des chèques de paie provenant d’emplois qui paient des salaires de subsistance ne provoquent pas d’inflation. Tout le monde sait que les profits excessifs des compagnies, les défis pour la chaîne d’approvisionnement et la guerre de la Russie contre l’Ukraine sont les coupables de cette situation.

Ces défis ne se résoudront pas en relevant le taux directeur et en mettant les gens au chômage.

L’inflation est en passe d’atteindre une moyenne de 6,8 % cette année.

Les salaires moyens ont augmenté à un rythme plus lent, la croissance des salaires devant être d’environ 4,4 % en moyenne cette année.

Les actionnaires et les dirigeantes et dirigeants de compagnies ne paient pas le prix de l’inflation qu’ils provoquent, mais ils récoltent des bénéfices obscènes.

Les profits des secteurs de l’extraction et des services pétroliers et gaziers étaient plus de 1000 % plus élevés en 2022 qu’en 2019. Les profits tirés des produits de bois et de papier étaient 550 % plus élevés.

Les profits des épiceries ont plus que doublé. C’est déplorable, tout particulièrement de la part d’un secteur qui oblige les travailleuses et travailleurs à se battre pour chaque centime que leur salaire atteint au-dessus du minimum et qui fait l’objet d’une enquête du Bureau de la concurrence pour comportement anticoncurrentiel – encore une fois. 

La proportion du PIB constituée par les profits des compagnies a atteint un niveau record plus tôt cette année alors que l’on disait aux travailleuses et travailleurs qu’ils réclamaient trop. Cette réponse de la Banque du Candaencourage la cupidité des compagnies et contribue à l’accroissement des inégalités tout en faisant très peu pour lutter contre l’inflation.

L’OCDE a récemment conclu que lorsque toutes les banques centrales relèvent les taux d’intérêt en même temps, elles ont un impact négatif plus important sur le PIB, mais un impact plus faible sur l’inflation. Malheureusement, la réponse conventionnelle à cette situation est que les banques centrales relèvent encore davantage les taux, ce qui entraîne des impacts négatifs encore plus importants sur le PIB, sans que ce soit rentable.

Plutôt que d’élaborer une réponse sur mesure conçue pour ralentir les bénéfices, mettre fin aux profits excessifs, réparer les goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement et aider les travailleuses et travailleurs à suivre le rythme, les décideuses et décideurs politiques ont pris l’habitude de faire des reproches aux travailleuses et travailleurs, en exigeant que nous fassions profil bas en matière de revendications salariales.

Ce dont nous avons besoin en réponse à ce moment unique, ce sont des gouvernements et des décideuses et décideurs politiques qui mettent en œuvre des politiques centrées sur les travailleuses et travailleurs et s’attaquent à la cupidité des compagnies.

Premièrement, la Banque du Canada doit repenser sa stratégie consistant à relever les taux et à écraser les travailleuses et travailleurs tout en omettant de dénoncer les profits excessifs.

Ensuite, le gouvernement doit s’assurer que le régime d’assurance-emploi est prêt pour la récession. Si la Banque du Canada a l’intention de mettre les gens au chômage pour lutter contre l’inflation, le gouvernement fédéral doit réagir en veillant à ce qu’aucune travailleuse et aucun travailleur ne soit laissé pour compte lorsqu’elle ou il perd son emploi à cause d’une politique monétaire dépassée et malavisée.

Troisièmement, le gouvernement fédéral doit étendre la taxe sur les profits excessifs à davantage d’industries et la rendre permanente.

Le gouvernement doit également investir massivement dans les transports en commun, l’infrastructure pour les véhicules électriques et les systèmes d’énergie propre pour que l’économie soit prête pour l’avenir.

Enfin, comme il l’a fait pour la garde d’enfants, le gouvernement devrait réduire les coûts pour les consommatrices et consommateurs sur les biens essentiels, notamment l’assurance-médicaments et les soins dentaires. Il devrait également envisager d’introduire des plafonds sur les marges bénéficiaires dans les industries où les prix abusifs et les profits excessifs sont devenus manifestes ou sont une caractéristique du modèle commercial.

Il existe de nombreuses solutions à la crise de l’accessibilité financière au Canada. Créer une récession inutile et destructrice d’emplois n’en est pas une. En effet, une récession ne fera qu’aggraver la crise actuelle de l’accessibilité ’accessibilité financière.