Proposition d’Unifor en vue du budget 2016: un retour à la gouvernance progressiste

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Le désengagement de l’État providence, qui caractérise la politique fédérale depuis les années 1980, a non seulement échoué à stimuler de plus hauts niveaux d’investissement et une croissance plus rapide du PIB, mais il a aussi affaibli de manière chronique la capacité fiscale du gouvernement fédéral à offrir les services sociaux auxquels la population canadienne s’attend. Il a aussi sérieusement compromis la possibilité du gouvernement à répondre de manière efficace aux crises économiques. Unifor croit en un système fiscal fort et progressif qui procure au gouvernement les outils fiscaux dont il a besoin pour jouer un rôle actif dans la valorisation de la vie nationale canadienne.

Sur le plan fiscal, les gains progressifs obtenus pendant la période de l’après-guerre ont été réduits de façon considérable. Pendant l’année financière 2014‑2015, les recettes du gouvernement fédéral représentaient 14 % du PIB, soit presque 20 % de moins qu’en 1974-1975. Depuis 1940, les recettes fédérales n’ont jamais été aussi basses qu’aujourd’hui. L’impôt des sociétés au Canada a diminué de moitié depuis 1988. Bien qu’un grand nombre d’économistes du milieu des affaires soutiennent que cette diminution est bénéfique à la population canadienne, les investissements des entreprises dans les immobilisations corporelles, la création d’emplois et la croissance du PIB ont baissé (et/ou ralenti) pendant cette période, plutôt que d’augmenter. Les estimations varient, mais la décision du gouvernement Harper de réduire la TPS de deux points a privé le trésor fédéral d’environ 150 milliards de dollars au cours des 10 dernières années. Il n’y a aucune preuve que des emplois ont été créés à la suite de cette baisse de taxe. Et les effets de la réduction de la TPS étaient trop faibles pour modifier de façon importante les décisions de consommation des foyers canadiens.

Du côté des dépenses, quatre principaux éléments moteurs influencent la croissance du PIB : les ménages (consommation privée), les entreprises (investissements dans les immobilisations corporelles), les étrangers (exportations nettes) et les gouvernements (dépenses de programme). La dette des ménages canadiens a atteint des sommets record (160 % du revenu disponible). Cette tendance préoccupante signifie qu’on ne peut pas compter sur la consommation privée pour stimuler la croissance. Les entreprises canadiennes cumulent près de 700 milliards de dollars en liquidités, qu’elles ne semblent pas disposées à utiliser pour stimuler la croissance de l’économie. Avec une devise dévaluée, les exportations peuvent augmenter à l’avenir, mais pour le moment il revient au gouvernement fédéral, par le biais d’une politique fiscale, de remettre les Canadiennes et Canadiens au travail et de stimuler le processus de croissance. L’inefficacité de la politique monétaire à combattre l’économie stagnante a fourni de multiples preuves que le gouvernement fédéral doit jouer un rôle de stimulation pour relancer le processus de croissance.

Les dépenses du secteur public sont vitales pour la prospérité canadienne et, par nos programmes sociaux et notre filet de sécurité, pour l’identité canadienne aussi. Au-delà des mesures de relance (physiques) de l’infrastructure, dont la plupart des experts conviennent qu'elles sont indispensables, l’infrastructure sociale du Canada qui a subi des années de négligence doit être renforcée. Des investissements publics dans les services de garde, l’éducation, le logement social et la sécurité de revenu à la retraite ont démontré qu’ils réduisent la pauvreté et augmentent les opportunités. Les taux d’intérêt étant faibles, le moment est idéal pour emprunter, mais l’annulation de quelques-unes des réductions d’impôt ou de taxe irresponsables du gouvernement Harper serait une solution plus viable.

L’évolution récente de la pensée économique suggère que les dépenses publiques rassurent les investisseurs hésitants en ces temps incertains. Au lieu d’évincer les investissements privés, des dépenses publiques considérables dans les secteurs stratégiques peuvent créer un effet d’entraînement, car elles incitent les entreprises à investir en leur montrant que la demande globale a grimpé.