Le Conseil des médias d’Unifor s’attaque au harcèlement et aux traumatismes

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Jerry Dias seated with a large group of delegates to the Unifor Media Council.

Un nombre record de déléguées et délégués ont assisté au Conseil des médias d’Unifor à Kelowna qui a eu lieu du 11 au 13 mai. Pendant cette fin de semaine, les discussions ont porté sur le harcèlement commis à l’encontre des travailleuses des médias, de la prévention des traumatismes psychologiques et du Plan d’Action Médias élaboré par le syndicat pour sauver les nouvelles locales.

« Les journalistes sont attaqués de toutes parts. On les traite de menteurs, on les injure pendant l’exercice de leurs fonctions. Il faut que cela cesse », a déclaré Jerry Dias, président national d’Unifor, dans le discours qu’il a adressé aux 118 déléguées et délégués de 24 sections locales du secteur des médias.

Heather Gillis, membre de la section locale 915-M et journaliste pour NTV News, de St. John's, a parlé de ce qui s’est passé après l’acquittement de l’homme qui lui avait crié des obscénités sexuelles, une expression vulgaire et misogyne qui est de plus en plus répandue.

« Cela m’est arrivé six ou sept fois, déplore Heather Gillis. Ces attaques verbales sont humiliantes et m’empêchent de faire mon travail. Comme cet homme n’a reçu aucune sanction, d’autres idiots pensent qu’ils ont tous les droits de le faire eux aussi en toute impunité. »

Dans une nouvelle vidéo d’Unifor sur le harcèlement, qui a été projetée durant la conférence, Heather Gillis parle du cyberharcèlement avec Angelyn Francis, une autre membre du secteur des médias. « Ce que vous faites lorsque vous en êtes témoin est tout aussi important que lorsque vous en êtes vous-même victime », a précisé Angelyn Francis, membre de la section locale 87‑M et productrice vidéo pour le magazine Maclean’s.

Heather Gillis of Local 915M addresses Media Council from the podium.

La vidéo a suscité de franches discussions sur la prédominance des attaques contre les femmes qui travaillent dans les médias et des mesures que les hommes et le syndicat pourraient prendre pour régler ce problème.

Lisa Kelly, directrice du Service national de la condition féminine, a présenté un exposé dont le contenu a servi de contexte aux ateliers qui ont suivi. « Le harcèlement dans ce secteur n’est pas nouveau, mais le mouvement #MoiAussi a enfin attiré l’attention du public, grâce aux femmes qui ont eu le courage de parler des expériences pénibles qu’elles ont vécues », a indiqué Lisa Kelly.

Les ateliers ont mis en évidence le rôle du syndicat ainsi que des représentantes et représentants en milieu de travail pour s’assurer que les employeurs respectent les obligations établies dans les lois sur les droits de la personne et la sécurité afin d'éliminer le harcèlement de tous les milieux de travail. Les déléguées et délégués au conseil ont aussi examiné ce que les témoins et les victimes peuvent faire pour prévenir et désamorcer les actes de harcèlement sexuel et sexiste contre les travailleuses du secteur des médias et comment ils pourraient intervenir.

Selon la Fédération internationale des journalistes (lien en anglais seulement), la moitié des femmes qui travaillent dans le secteur médiatique partout dans le monde déclarent avoir été victimes de cyberharcèlement sexuel.

Un autre conférencier invité, Matthew Pearson, est journaliste pour le Ottawa Citizen. Il a reçu une bourse Michener-Deacon (lien en anglais seulement) pour étudier les effets que la couverture d’événements traumatisants peut avoir sur les journalistes. Il déplore que les employeurs et les écoles de journalisme ne font rien pour remédier à cette question de santé et de sécurité relevant pourtant du Code du travail.

« Les écoles de journalisme et les employeurs ne prennent pas leur devoir de diligence au sérieux. Il faut faire davantage pour enseigner aux travailleuses et travailleurs des médias à prendre soin de leur santé parce qu’ils souffrent souvent de traumatismes indirects et qu’ils peuvent devenir très malades sans même réaliser que leurs problèmes de santé sont liés au travail », a expliqué Matthew Pearson.

Plusieurs déléguées et délégués ont parlé de ce qu’ils ont ressenti après avoir couvert des événements horribles : des cauchemars et des symptômes psychologiques qui surviennent après une affectation, sans aucun soutien de la part de leur employeur, sous forme de rapport ou d’un suivi psychologique. Matthew Pearson a expliqué que l’exposition des journalistes aux traumatismes indirects, c’est-à-dire être témoins de la peur, de la douleur, de la honte et de la terreur vécues par les survivants d’un événement traumatisant, augmente le nombre de travailleuses et travailleurs qui reçoivent un diagnostic de trouble de stress post-traumatique.

La conférence annuelle s’est terminée par une série de discussions et un engagement envers le Plan d'Action Médias d'Unifor pour faire campagne et militer dans le but de sauver les nouvelles locales. Au cours des 4 dernières années, les salles de nouvelles canadiennes ont perdu au moins 30 % de leurs effectifs, et l’on s’attend à de nouvelles fermetures de journaux et à de nouvelles mises à pied de personnel. Les gouvernements doivent apporter des solutions le plus rapidement possible. Le syndicat et les délégués reconnaissent que la préservation du journalisme est fondamentale à la démocratie canadienne.

ALBUM DE PHOTOS – CONSEIL DES MÉDIAS 2018