Le leadership est rassembleur

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Les gens de bonne conscience sont souvent en désaccord : ils l’ont toujours été et le seront toujours. Ce serait bien si nous pouvions trouver une façon de nous entendre sur le principal dossier de l’actualité, mais je ne retiendrai pas mon souffle.

Bien sûr, ce n’est pas entièrement une mauvaise chose. Lorsque nos opinions et idées sont remises en question, nous devons alors préciser nos arguments et cibler les éléments qui sont vraiment importants pour nous. Au bout du compte, le débat sur la politique à établir ou l’action à prendre ne peut qu’accroître l’efficacité des politiques,

du moins, lorsqu’il y a de la bonne volonté et un respect mutuel de la part des deux parties.

La scène politique d’aujourd’hui est polarisée. Trop souvent, il semble que les gens désirent davantage gagner un argument en formulant une remarque tranchante ou en marquant des points à l’aide d’autocollants pour pare-chocs qu’en s’assoyant, en se relevant les manches et en trouvant une solution pratique.

Les pires, comme les Donald Trump, Doug Ford et Jason Kenney de ce monde, exploitent les divisions de notre société pour gagner du pouvoir.

Nous avons plutôt besoin de politiciens qui font le contraire, c’est-à-dire rassembler les gens, trouver un terrain d’entente et élaborer des politiques et des actions qui nous uniront en tant que société.

Nous faisons face à bon nombre de défis importants en ce moment, des questions environnementales aux préoccupations économiques (alors que les emplois sont de plus en plus précaires), en passant par les tensions raciales, éthiques et religieuses croissantes.

Parallèlement, de plus en plus de groupes autrefois marginalisés trouvent enfin leur voix. C’est une bonne chose, évidemment. Une bonne politique n’est possible que lorsque toutes les voix ont été entendues.

Pour ce faire, de réels efforts doivent être déployés, surtout lorsque vient le temps de rivaliser pour les emplois axés sur les ressources et l’environnement.

La polarisation ne fait que mettre en péril les bons emplois, les moyens de subsistance et l’environnement. Ce n’est qu’en favorisant une discussion respectueuse qu’un gouvernement qui tente d’établir une politique peut espérer trouver la voie à suivre en cette ère de discorde.  

C’est ce qui se passe présentement en Nouvelle-Écosse, où un différend prend de l’ampleur quant au processus de gestion des effluents dans une usine de pâte à papier. Unifor représente les travailleuses et travailleurs de l’usine, mais la question va bien au-delà.

Le gouvernement du premier ministre Stephen McNeil doit faire preuve d’un réel leadership en rassemblant les deux parties pour discuter de cette question de plus en plus tendue.

Les environnementalistes ont raison de soulever des préoccupations quant à l’impact des effluents de l’usine sur l’environnement. L’ensemble de la société en profite lorsque quelqu’un préconise un environnement propre. Sur cette question, il faut noter que des effluents traités sont relâchés dans l’océan sans problème sur la côte de la Colombie-Britannique dans des zones d’aquaculture marine sensibles sur le plan environnemental.

Aussi, il ne fait aucun doute que les promesses fragiles formulées pendant de nombreuses années auprès de la Première Nation de Pictou Landing et qui n’ont pas été tenues ont entraîné la méfiance dont nous sommes témoins aujourd’hui. 

Les nouveaux exploitants de l’usine ont fait des améliorations importantes pour réduire l’empreinte environnementale ainsi que respecter et dépasser les normes et les cibles d’émissions établies par le gouvernement, et évidemment, il faut en faire encore plus.

Cependant, il ne faut pas oublier que 330 emplois à l’usine et des milliers d’autres emplois dans les scieries et les industries connexes, comme le camionnage, sont en jeu. Ces emplois représentent des familles dont l’avenir dépend de la capacité de l’usine d’être exploitée de la façon la plus écologique possible.

Il existe une usine dans la petite communauté d'Abercrombie en Nouvelle-Écosse, non loin d’où le traversier de l’Île-du-Prince-Édouard dépose des passagers, mais les difficultés auxquelles elle fait face quant à son avenir sont fréquentes dans l’ensemble du pays de bien des façons.

Qu’il s’agisse d’un différend concernant des oléoducs, de la construction d’une mine d’or ou même de la création d’un refuge pour les sans-abri ou d’une garderie, aucune question touchant la politique publique ou aucun plan de développement économique ne semble possible aujourd’hui sans une lutte polarisée pour déterminer quels droits éclipsent quels droits.

Dans un discours récent, le premier ministre de l’Ontario Doug Ford a cité le processus d’approbation d’une mine d’or qui a pris sept ans. Il a promis de réduire le processus à un an en supprimant des règlements.

La solution n’est pas dans les suppressions. Réduire au silence les voix de ceux et celles qui méritent d’être entendus, comme Doug Ford semble le proposer, n’est pas la solution.

Nos dirigeants politiques, que ce soit Ford, McNeil ou tout autre, doivent assumer le type de leadership dont nous avons besoin en cette période de division en rassemblant toutes les parties et en trouvant une solution qui fonctionne pour tous.

Voilà à quoi ressemble le véritable leadership.