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Les balayages biométriques aux contrôles de sécurité des aéroports, les enregistrements sans contact et les avions autonomes, sont quelques-unes des technologies qui sont déjà, ou pourraient être, à l’horizon pour les travailleuses et travailleurs de l’aviation.
Lors du Conseil de l’aviation d’Unifor, qui s’est tenu pendant deux jours au préalable du Congrès du syndicat au Palais des congrès du Toronto métropolitain cette semaine, l’accent a été mis sur les répercussions des nouvelles technologies sur les travailleuses et travailleurs de l’aviation.
« Nous devons faire preuve de prudence pour éviter que ces nouvelles technologies n’érodent le travail que nous effectuons », a déclaré Leslie Dias, directrice du secteur du transport aérien d'Unifor, dans son discours d’ouverture.
« Nous ne pouvons pas changer le fait que ce phénomène se produit, mais en tout état de cause, nous sommes ici pour étudier la manière dont il nous affecte. Les aéroports envisagent que tout devienne électronique. Manifestement, la COVID-19 a accéléré le rythme de ce changement – ils ne veulent pas de contact et veulent que les gens fassent tout par eux-mêmes. Nous sommes là pour approfondir ces questions. »
L’atelier s’inscrit dans la continuité de la conférence Avenir du travail d’Unifor qui s’est tenue en 2018, avec pour objectif de recueillir des données sur la façon dont les changements récents sur le lieu de travail ont affecté les travailleuses et travailleurs, leurs emplois, leurs compétences requises et leur charge de travail. Des groupes de discussion ont également abordé des récits ayant trait à la surveillance et au contrôle, à la santé et à la sécurité, y compris la sécurité de l’emploi, en rapport avec les nouvelles technologies.
« C’est une autre étape d’un projet plus long visant à développer des stratégies et des éléments de langage pour la négociation dont nos membres ont besoin pour être prêts afin de faire face au changement, a déclaré Kaylie Tiessen, chercheuse à Unifor, dans sa présentation sur les nouvelles technologies. Les mutations technologiques n’ont rien de nouveau, mais la rapidité du mouvement s’est accélérée de façon spectaculaire. »
Les innovations technologiques dans l’industrie de l’aviation peuvent inclure les drones, le contrôle à distance du trafic aérien, des avions plus petits pour gérer le trafic au lieu de rester coincés dans un embouteillage sur l’autoroute, des surveillances de l’état de santé pour les pilotes et le personnel des aéroports, la collecte de données biométriques et des robots de service à la clientèle ainsi que des hologrammes qui fournissent des renseignements aux voyageurs, a déclaré K. Tiessen.
La présidente du Conseil industriel de l'aviation, Tammy Moore, a déclaré qu’il est clair « que nous devons nous organiser et faire pression sur le gouvernement » sur cette question.
K. Tiessen a indiqué que la prochaine étape consiste à prendre les données de cet atelier et à élaborer un programme de négociation pour le secteur de l’aviation afin d’aider les unités de négociation à se préparer aux mutations technologiques avant qu’elles ne se produisent.
« Nous avons adopté une position réactive dans le passé et nous voulons nous assurer que nous profitons maintenant de l’occasion d’être sur l’offensive plutôt que sur la défensive », a déclaré K. Tiessen.
Le futurologue Jesse Hirsh a déclaré à la foule, dans son allocution d’ouverture, que l’aviation va connaître un essor au Canada avec l’expansion des compagnies aériennes régionales et l’intégration de carburant plus propre. Selon lui, les algorithmes sans intervention humaine sont intrinsèquement défectueux et c’est aux travailleuses et travailleurs de signaler les bogues et de les exploiter à leur avantage sur les lieux de travail.
Il a déclaré au groupe que les syndicats devraient à juste titre vérifier les menaces de la technologie, mais qu’ils devraient ensuite imaginer comment cette technologie pourrait développer l’emploi et accomplir les choses que la direction rêve d’accomplir, mais qu’elle n’accomplira pas à moins d’avoir quelqu’un qui met le doigt sur les défauts et intègre la sagesse des équipes qui font le travail depuis des décennies.
« Nous devons nous assurer que la direction utilise la technologie sous la houlette et la supervision d’êtres humains, de travailleuses et travailleurs – plutôt que l’inverse. »
Le deuxième jour du Conseil de l’aviation, les délégués ont assisté à une mise à jour concernant les cinq membres d’équipage de Pivot Airlines – comportant des membres d’Unifor, du SCFP et de l’Air Line Pilots Association – qui sont détenus en République dominicaine depuis le 5 avril 2022, après avoir découvert et signalé la présence de plus de 200 kilogrammes de cocaïne à bord d’un avion qui devait se rendre à Toronto.
L’équipage est loin de chez lui et de ses proches depuis plus de 120 jours, essentiellement assigné à résidence et surveillé par un service de sécurité privée depuis qu’il a été libéré sous caution plus tard en avril.
Unifor travaille avec le SCFP, l’ALPA, Pivot et la société de relations publiques Navigator pour faire pression sur le gouvernement canadien, notamment en encourageant les membres à signer une pétition électronique et à partager une vidéo de l’équipage, implorant l’aide du Premier ministre Justin Trudeau pour les ramener chez eux. Ces développements ont été mis en lumière dans les médias pour inciter le gouvernement à agir.
La prochaine date d’audience de l’équipage, le 26 août 2022, pourrait déterminer s’ils doivent retourner en prison.
Les délégués ont également eu droit à une mise à jour sur une nouvelle campagne sur le transfert de contrat – la pratique consistant à sous-traiter des services et à changer de fournisseur de services tous les deux ou trois ans. Cela permet de réduire indûment le nombre d'employés, de restreindre et de faire stagner les salaires et de limiter les droits des employés afin que la société contractante puisse économiser des coûts et augmenter ses bénéfices.
Les membres peuvent signer une pétition pour mettre fin aux pires effets du transfert de contrat, en demandant au gouvernement d’instituer les pleins droits du successeur.
Les délégués ont eu l’occasion de discuter des problèmes rencontrés par les membres de l’aviation, en particulier les abus et le harcèlement envers les travailleuses et travailleurs de l’aéroport qui sont en première ligne, traitant avec des clients frustrés dont les vols ont été retardés ou annulés et les bagages perdus dans un contexte de pénuries de personnel.
Le conseil a élu trois membres ordinaires de façon à représenter les principes géographiques, sous-sectoriels et d’équité du syndicat.
T. Moore, la présidente de la section locale 2002, a été réélue présidente du Conseil de l’aviation, Barret Armann a été élu vice-président, Steven Connolly secrétaire-trésorier et Karen Berry, Mary Boudreau et Tim Way ont été assermentés comme membres ordinaires.