Appuyez les travailleuses et travailleurs de Best Theratronics en grève!

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Seven people holding place cards that read "on strike" and red Unifor flags standing in front of a parked car
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Message de la présidente nationale Lana Payne au sujet des 44 membres en grève depuis le 1er mai à Best Theratronics, une usine de fabrication de dispositifs médicaux de Kanata, en Ontario, où l’on fabrique de l’équipement utilisé dans les traitements contre le cancer. 

Il s’agit de leur premier conflit de travail.

Ils étaient à bout. Je vais vous dire pourquoi. 

Il en faut beaucoup pour qu’un groupe de travailleuses et travailleurs en arrive là : des années de frustrations, des années d’attitude du type « Papa sait tout mieux que tout le monde, vous devriez vous considérer chanceux d’avoir un emploi ici ». 

Ce qui est clair et source d’inspiration, c’est la résolution et la détermination de ces travailleuses et travailleurs. 

Ce conflit concerne maintenant leur syndicat, la défense de leur droit à la négociation collective équitable et libre, la défense de leurs droits en milieu de travail, protégés en vertu des lois du Canada.

Comme l’a déclaré le président de la section locale 1541, Steve LaBelle : « Voir tout ce que cette entreprise est prête à faire pour éviter la conclusion d’une entente équitable est ahurissant. »

Tout a commencé avec un employeur qui ne voulait manifestement pas entamer de négociations. En effet, prises dans leur totalité, les actions de cet employeur équivalent à une attitude anti-syndicale (ce n’est pas un terme que j’utilise à la légère).

Que ce soit par les actions qui ont délibérément fait échouer le processus de négociation aux menaces de perte d’emploi pour nos membres s’ils osaient exercer leurs droits syndicaux, en passant par la mise en échec de toutes les mesures raisonnables prises pour parvenir à une entente, tous les efforts ont été déployés pour nuire au processus. L’employeur a même harangué ses travailleuses et travailleurs. En leur disant de franchir leur propre ligne de piquetage et d’accepter de nouvelles conditions de travail. Des conditions qui seraient moins intéressantes, bien entendu. 

Unifor négocie des centaines de conventions collectives chaque année. Je suis en mesure d’attester que ce que nos membres de Best Theratronics ont vécu et vivent est loin d’être la norme. Il ne s’agit pas d’une négociation serrée, mais d’une absence totale de négociation. 

Telles sont les actions d’un employeur qui refuse d’accepter que les travailleuses et travailleurs de ce pays aient le droit à la liberté d’association, d’être représentés par un syndicat et de négocier leurs conditions de travail, équitablement et librement.

Mais commençons par le commencement.

La section locale 1541 d’Unifor a été accréditée pour représenter les employées et employés de l’usine en 2006. Les membres incluent des machinistes, des soudeuses et soudeurs, des tôlières et tôliers, des opératrices et opérateurs de machines, des techniciennes et techniciens, des électriciennes et électriciens, des mécaniciennes et mécaniciens et des inspectrices et inspecteurs. À l’époque, l’usine appartenait à MSD Nordion Inc.

En 2007, l’usine a été vendue à Best Medical International, qui a créé l’entreprise d’Ottawa sous le nom de Best Theratronics. 

En plus de nos membres, un autre groupe d’employées et employés est représenté par l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC).

La convention collective actuelle est venue à échéance le 21 mars 2023. Le syndicat a signifié un avis de négociation en février 2023. Aucune négociation n’a eu lieu pendant des mois et des mois. En septembre dernier, le syndicat a envoyé à l’employeur une demande de divulgation de renseignements, comme le permet le Code du travail fédéral. 

Les parties se sont finalement rencontrées pour la première date de négociations le 2 novembre, puis à nouveau le 29 novembre. L’employeur était représenté par un avocat et la direction de l’usine. 

Le propriétaire – Krishnan Suthanthiran – est manifestement la seule personne à pouvoir prendre une décision. Il n’a pas participé aux négociations.

Les premières réunions ont porté sur des questions non monétaires, comme c’est le cas habituellement. L’avocat de l’employeur a déclaré que celui-ci ne soumettrait pas d’offre monétaire avant le 18 décembre..

Notre section locale a déposé sa propre offre monétaire en amont de la date de négociation de décembre. Le syndicat a également demandé la divulgation de renseignements financiers. 

Il n’a rien reçu. Le syndicat a de nouveau demandé à l’employeur de déposer son offre monétaire avant la date de négociation prévue pour le 15 janvier. 

À cette date, quasiment une année s’était écoulée depuis que le syndicat avait adressé un avis de négociation. Le 15 janvier, l’employeur a proposé – tenez-vous bien – une augmentation de 25 $ pour les lunettes de sécurité et RIEN d’autre. Il n’y aurait aucune autre augmentation monétaire à l’initiative de l’employeur et aucune divulgation de renseignements financiers.

L’employeur a proposé une entente de deux années sans augmentation monétaire pour aucun membre de la section locale 1451. 

Le lendemain, Unifor a déposé une demande de conciliation.

La conciliation a été fixée aux 21 et 22 mars. 

L’employeur était représenté uniquement par un avocat. On a fait savoir au syndicat que la position de l’employeur sur l’absence d’augmentation salariale n’avait pas changé. L’employeur a ensuite demandé au syndicat d’attendre TROIS MOIS de plus pour que le propriétaire trouve le temps de rencontrer le syndicat. Cette rencontre devait avoir lieu à la mi-juin.

Et le syndicat était prié de n’engager aucune action pendant cette période (ce qui vous donne une idée de ce qui se passe ici).

Quelques jours plus tard, l’employeur a indiqué au syndicat qu’il faudrait maintenant attendre le mois de juillet pour que le propriétaire soit disponible.

Pour la section locale, c’en était trop. À l’issue d’une année de frustrations suite à l’expiration du contrat, un vote pour ou contre la grève a été organisé. Le personnel a voté à 90 % en faveur d’une grève si nécessaire.

Le syndicat a émis un préavis de grève de 72 heures. Aucune réponse de l’employeur.

La grève a été déclenchée le 1er mai. Les membres de l’AFPC sont sortis en grève le 10 mai..

En juin, le propriétaire a envoyé un communiqué général indiquant qu’il serait en voyage pendant la majeure partie du mois de juillet. Et qu’il ne se rendrait donc pas à une réunion ou à la négociation d’une convention collective comme il l’avait promis. 

Depuis avril, le propriétaire a envoyé une série de courriels et de communications. Et il faut les voir. Décousus, menaçants, et en violation du Code du travail.

Pendant le congé de fin de semaine du 24 mai, le communiqué de M. Suthanthiran aux employées et employés non grévistes mais partagé avec tout le monde mentionnait ce qui suit : « J’ai l’impression qu’une fin de semaine sur deux est une longue fin de semaine au Canada. Les difficultés récentes sont [...] prévisibles au regard du mode de vie canadien. » Le ton du courriel était le suivant : les travailleuses et travailleurs canadiens sont trop privilégiés. Et devraient être reconnaissants de ce qu’ils ont. Il a également menacé de transférer les activités aux États-Unis ou en Inde. 

D’autres communications exigeaient que nos membres franchissent leur propre piquet de grève et reprennent le travail en vertu de nouvelles conditions. Vous l’avez deviné : juste le minimum prévu par la loi. En disant à nos membres : « Ne mordez pas la main qui vous nourrit ».

Cet employeur s’est engagé dans une négociation de mauvaise foi, en d’autres termes, il a enfreint la législation du travail du Canada. Les actions de l’employeur représentent un effort pour changer les conditions de travail pendant la période de négociation. Et elles interfèrent avec la représentation des travailleuses et travailleurs par un syndicat (en langue juridique, cela signifie ne pas respecter vos obligations en vertu de la loi, soit l’abc de l’antisyndicalisme).

Depuis des années, nos membres travaillent dur pour obtenir de très faibles augmentations salariales annuelles. Ce sont leurs compétences et leur travail acharné qui permettent de construire l’équipement médical utilisé dans les traitements contre le cancer. Pendant 16 années, ils ont vu leurs salaires prendre du retard. Le propriétaire de l’entreprise dit que nos membres sont comme une famille. Mais les actions expriment autre chose. 

Tout ce qu’ils veulent, c’est une convention collective équitable et que leur employeur respecte la législation du travail du pays.

 Unifor a déposé une plainte pour pratique de travail déloyale auprès du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI).

Nous continuerons à soutenir nos membres avec tous les outils à notre disposition.

Nos membres sont déterminés afin de défendre leur syndicat et les droits des travailleuses et travailleurs syndiqués partout dans le monde.

Je suis fière d’eux, de leur combat et de leur incroyable solidarité. 

Joignez-vous à moi lundi sur leur ligne de piquetage à Kanata. 

So-so-solidarité. So-so-solidarité. 

Lana Payne
Présidente nationale

Pour en savoir davantage sur le propriétaire de Best Theratronics :

Le millionnaire qui a acheté une ville fantôme en Colombie-Britannique – avec 302 logements vides – fait l’objet d’une enquête pour blanchiment d’argent en Belgique.

Le millionnaire propriétaire de Kitsault, en Colombie-Britannique, espère que la ville fantôme connaîtra une seconde vie en tant que centre énergétique.

Pour en savoir davantage sur le conflit :

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Le propriétaire de Best Theratronics dénonce les congés payés, vante les avantages de la semaine de sept jours et menace de transférer les emplois à l’étranger. 

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Lettre conjointe : conflit de travail à Best Theratronics

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