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Cette année, nous soulignons le Mois de l’histoire des femmes au Canada en sachant que les acquis vers l’égalité sont fragiles et qu’il faut faire preuve de vigilance pour continuellement les protéger et les intégrer dans les structures de notre syndicat et de notre pays.
Alors que nous nous tournons vers notre passé pour évoquer ensemble les moments historiques des femmes qui ont fait œuvre de pionnières, nous devons continuellement nous rappeler aujourd’hui les importantes leçons que nous enseignent leurs combats et leurs triomphes.
Le 18 octobre, le Canada commémore la Journée de l’affaire « personne », car c’est le 18 octobre 1929 que la plus haute cour d’appel du Canada a statué que les femmes étaient comprises dans la définition juridique de « personnes », ce qui allait permettre à des femmes d’être nommées au Sénat du Canada et de participer plus pleinement à la vie publique. La Journée de l’affaire « personne » est à la fois l’aboutissement de nombreuses années de militantisme et le début d’un nombre encore plus grand d’années de travail pour que cette décision soit élargie et consolidée de façon à comprendre toutes les femmes. En effet, ce statut de personne aux termes de la loi a été refusé aux femmes autochtones et aux femmes d’origine asiatique pendant de nombreuses années encore.
Notre histoire est remplie de discriminations évidentes à l’égard des femmes de couleur et des femmes autochtones. Les Canadiennes ont obtenu le droit de voter aux élections fédérales en 1918, mais les femmes des Premières Nations ne pouvaient voter alors que si elles abandonnaient leur statut d’autochtone et les droits conférés par traités. Elles ont dû attendre jusqu’en juillet 1960 pour obtenir le plein droit de voter aux élections fédérales. Ces 42 années d’exclusion doivent nous rappeler que notre travail en tant que syndicalistes et féministes doit être intersectionnel et se concentrer sur l’élimination des autres obstacles qui se dressent devant les femmes autochtones, les femmes de couleur, les femmes qui ont une incapacité et les femmes lesbiennes, bisexuelles, transgenres et queer.
Pendant la conférence sur la condition féminine 2024, on nous a rappelé que tant que toutes les femmes n’auront pas atteint l’égalité, aucune femme ne pourra vraiment célébrer l’égalité des femmes avec les hommes. Alors que nous avançons vers l’égalité dans les tribunaux, au sein des politiques publiques et sur les lieux de travail, nous ne devons pas nous contenter de tendre l’échelle à d’autres femmes, mais nous tourner vers celles qui sont derrière et nous aider les unes les autres à monter plus haut.
Unifor est fier de travailler depuis toujours à faire avancer les droits des femmes et à mener des campagnes pour l’amélioration des lieux de travail, pour ensuite faire pression sur les gouvernements fédéral et provinciaux afin que ces mêmes droits soient accordés à toutes les femmes. Le Programme des intervenantes auprès des femmes, créé et mis en place par notre syndicat, est un programme novateur de renommée internationale qui joue un rôle clé dans l’évolution de la dynamique du milieu de travail, en éduquant les travailleuses et travailleurs à propos des obstacles auxquels les femmes font face et en fournissant des ressources pour soutenir les femmes qui subissent de l’injustice, de la discrimination ou du harcèlement au travail.
Nous devons faire attention au recul du droit à l’avortement et aux attaques contre l’autonomie corporelle aux États-Unis et faire pression pour garantir nos droits au Canada. Rappelons que c’était en 1970 qu’un groupe de femmes déterminées ont quitté Vancouver dans leur « caravane de l’avortement » et traversé le Canada jusqu’à la porte du premier ministre d’alors, Pierre Elliot Trudeau, pour revendiquer le retrait de l’avortement du code pénal. Que ce chapitre et tous les autres moments de bravoure contenus dans l’histoire des femmes nous inspirent et renouvellent notre énergie pour continuer le combat.
Plus d’un tiers des membres d’Unifor s’identifient comme femmes, et ce nombre continue d’augmenter à mesure que nous ouvrons des portes dans les différents secteurs d’activité et apportons des changements attendus depuis longtemps.
Cette année, nous avons milité et fait adopter en Nouvelle-Écosse un projet de loi visant à déclarer que la violence entre partenaires intimes est une épidémie, et nous encourageons les autres provinces à faire de même. Nous continuons de faire des percées dans les obstacles et d’écrire l’histoire des travailleuses. De plus en plus de femmes siègent aux tables de négociation, sont élues aux comités exécutifs de leurs sections locales et occupent des rôles de direction, mais il reste encore beaucoup à faire.
Nous devons demander à plus de femmes de se présenter à des postes élus, encourager les femmes à participer en plus grand nombre et aider plus de femmes à occuper des postes de direction.
Ensemble, nous pouvons créer un avenir meilleur et plus égalitaire en posant aujourd’hui des gestes qui passeront à l’histoire.